On retrouve ces mots dans la bouche de moult thérapeutes, dont les microkinésithérapeutes. Pour un néophyte ils sembles tous désigner plus ou moins la même chose. Mais ce sont des mots utilisés en sciences, désignant des entités spécifiques. Passons les en revue.
On va aller de l’œuf vers la poule. De l’embryon, à ce qui est formé de ce qui dérive de l’embryon.
Les feuillets
Un feuillet embryonnaire (parfois aussi appelé tissu embryonnaire ou feuillet germinal) est un groupe de cellules produit durant la formation de l’embryon.
Lors de la formation de l’embryon, les cellules s’organisent en feuillets de cellules : le feuillet extérieur appelé ectoderme, et le feuillet intérieur, endoderme. Dans le cas d’un embryon humain, il se forme un troisième feuillet appelé mésoderme.
C’est de ces 3 feuillets qu’il s’agit lorsque l’on parle de tissu en microkinésithérapie, avec chacun son « rythme vital » propre.
C’est lors de la gastrulation (la seconde phase de développement embryonnaire, débutant, pour les humains, la 3ème semaine après la fécondation) que les 3 feuillets vont émerger d’une différentiation des blastomères (les cellules dérivant des premières divisions du zygote, durant la phase de segmentation).
Chacun des feuillets va ensuite générer différents types de cellules qui vont permettre, in fine, de former tous les composant du corps humain :
- L’ectoderme est à l’origine du système nerveux et de l’épiderme de la peau
- L’endoderme produit les muqueuses des systèmes digestif, respiratoire et urogénital ainsi que les glandes associées
- Le mésoderme produit les muscles, le squelette, les vaisseaux sanguins…
Je trouve très difficile de se faire une représentation graphique de ces feuillets, mais voici un exemple :
Les tissus
Un tissu biologique est le niveau d’organisation intermédiaire entre la cellule et l’organe. Un tissu est un ensemble de cellules semblables et de même origine, qui remplissent ensemble une même fonction spécifique.
On en différentie plus d’une centaines, que l’on regroupe en 4 grandes catégories :
- Le tissu nerveux contient notamment des neurones, et s’organise en un système : le système nerveux, qui comprend cerveau, moelle épinière, nerfs, et tout ce qui est lié à nos différents récepteurs sensoriels. Il dérive de l’ectoderme.
- Le tissu musculaire est formé de cellules contractiles et permet le mouvement. Il dérive du mésoderme.
- Le tissu conjonctif dont les cellules sont disjointes, séparées par des matériaux extracellulaires, désigne une large gamme de tissus. On trouve dans cet ensemble le sang, le squelette, les couches profondes de la peau, etc. Il a en général un rôle de soutien. Le tissu conjonctif dérive du mésoderme.
- Le tissu épithélial est un ensemble de cellules serrées les unes aux autres formant un ensemble avasculaire mais innervé, séparé d’un tissu conjonctif sous-jacent par une structure de soutien appelée lame basale. Ce type de tissu est dit de revêtement lorsqu’il se retrouve sur les surfaces qui jouxtent le milieu externe ou les cavités de l’organisme. Il est appelé glandulaire lorsqu’il est regroupé en structure spécialisée dans la production de sécrétion ou d’hormone. Le tissu épithélial dérive essentiellement de l’endoderme et de l’ectoderme, et dans une faible part du mésoderme.
Un exemple, pour le visuel : les tissus de la peau
Les fascias
Fascia est un mot qui vient du latin, est qui signifie « bandelette ». On peut utiliser le pluriel latin « fasciae », ou bien le pluriel français « fascias ».
En biologie, il désigne, en gros, tout ce qui est membrane.
Il est composé de tissu conjonctif, qui dérive du mésoderme.
En 1858, Henry Gray, dans son ouvrage « Descriptive and Surgical Anatomy« , plus connu de nos jour en tant que « Gray’s Anatomy », propose la définition suivante du fascia : « une masse de tissu conjonctif assez importante, visible à l’œil nu et dont les fibres sont entrelacées ».
Depuis, avec les progrès en matière de compréhension de notre anatomie, nous avons découvert et différencié moulte types de fascia : les fascias superficiels, profonds, internes, viscéraux, musculaires…
Pour vous donner une idée, voici une diagramme classifiant quelques types de fascias (pas tous) selon leur type de maillage et leur densité en fibre de collagène :
A partir de 2015, on peut également distinguer 2 notions :
- Un fascia, qui définit anatomiquement une couche de tissu conjonctif qui se forme sous la peau pour attacher, enfermer, séparer les muscles et autres organes internes.
- Un système fascial, qui définit un réseau de fascias qui fonctionnent ensemble. Cette notions est beaucoup plus pratique pour les cliniciens, qui s’intéresse plus à un ensemble fonctionnel plutôt qu’à une entité anatomique isolée.
Les aponévroses
Une aponévrose est une membrane très résistante de fibres entrecroisées servant soit de terminaison ou d’intersection aux muscles qu’elle fixe aux os, soit d’enveloppe aux muscles qu’elle maintient en place.
C’est une membrane, constituée de tissu conjonctif, donc c’est aussi un fascia.
La plus connue est sans doute l’aponévrose plantaire, dont l’inflammation fait couramment souffrir les sportifs :
Conclusion
Pour résumé grossièrement, les feuillets existent au stade embryonnaire, et sont 3 groupes différents de cellules qui vont générer l’ensemble de ce qui compose le corps humain.
Les tissus dérivent de ces feuillets, et sont des ensembles de cellules semblables qui travaillent à une même fonction. Il en existe un un grand nombre (plus d’une centaine), et sont d’une grande diversité.
Les fascias sont un sous ensemble des tissus conjonctifs, genre membrane, et les aponévroses un sous ensemble de fascia.
Maintenant que vous avez une meilleure compréhension de ses termes et de ce qu’ils désignent, il vous impressionneront moins, et il vous sera plus facile de repérer quand quelqu’un les utilise de manière confuse, les mélange ou les confond. Un indice de plus pour juger du sérieux de ce que vous lisez ou écoutez.
Pour plus d’informations sur comment les tissus sont intégrés dans la théorie de la microkinésithérapie, vous pouvez lire cet article.
Sources
Wikipédia est souvent un bon point de départ, car c’est le plus rapide, est accessible. Pour approfondir, on peut suivre les sources listées par Wikipédia ou utiliser des mots clés de plus en plus précis (à mesure que nos connaissances s’améliorent) sur Google, ou Google Images si on veut des explications illustrées. Certaines sources sont en anglais.
Feuillets embryonnaires
- Lumen learning – Anatomy and Physiology II – Embryonic Development (lien)
- Délimitation et formation des ébauches, 4ème semaine du développement embryonnaire (lien)
- Vascular ontogeny within selected thoracoabdominal organs and the limbs (lien)
- « Embryology, Gastrulation » – Jermy Muhr; Kristin M. Ackerman. (lien)
- Embryology.ch : cours d’embryologie en ligne à l’usage des étudiants et étudiantes en médecine (lien)
Tissus biologiques
- Les tissus biologiques: structure, comportement mécanique et modélisation. INSA Lyon. (lien)
- AlloProf : les tissus et les organes (lien)
- Extrait du livre « Anatomie et physiopathologie en soins infirmiers » : les 10 premières pages du chapitre 4 « Les différents tissus de l’organisme » (lien)
- Cours IFSI – Biologie fondamentale – les tissus (lien)
Fascias
- Journal of Bodywork and Movement Therapies Volume 16, Issue 4, October 2012, Pages 496-502 (lien)