Dossier

Pratique de la microkinésithérapie

Orchidée blanche et violette

Description

En pratique, un microkinésithérapeute serait surement bien embêté si vous lui posez une question sur la phylogenèse.

La description donnée aux patients, et qu’on retrouve sur tous les sites de microkiné ou magazines de santé, se limite à quelque-chose comme :

La microkinésithérapie est une technique de soin manuel effectuée le plus souvent par un masseur-kinésithérapeute formé à cette technique.

Le but de ce traitement est de solliciter les mécanismes réparateurs qui sont présents dans tout être vivant pour éliminer les dysfonctionnements dont souffre le patient.

Pour cela, le thérapeute va chercher avec ses mains sur le symptôme, puis dans l’ensemble du corps, la trace laissée par l’agression ou la perturbation responsable, qu’elle soit physique ou psychologique. Il utilise une palpation très légère et non agressive : la micropalpation, qui peut lire la mémoire tissulaire, et détecter des tensions ou des blocages.

Pour déclencher le mécanisme réparateur, le thérapeute doit ré-informer l’organisme en mettant en rapport l’origine du dysfonctionnement (l’étiologie, la trace, ou « cicatrice » conservée par l’organisme) avec la pathologie qui en résulte, et ceci d’une façon excessivement douce (infinitésimale) pour ne pas réactiver la pathologie.

C’est ensuite le corps du patient qui va se réparer avec ses propres capacités. Cela peut prendre plusieurs semaines.

Les principaux motifs de consultation sont la fatigue chronique, les maux de ventre, de dos, les douleurs liées à des pathologies chroniques…

Inspiré par les descriptions affichées sur de multiples sites.

Certains peuvent mentionner l’embryologie, mais sans vraiment savoir de quoi ils parlent. La formation ne s’attarde pas sur la théorie, et se concentre sur des protocoles pratiques, indiquant où positionner les mains en fonction du type de problème décrit par le patient.

Séance

Déroulement

Une séance se déroule sur rendez-vous. Cela dépend surement des endroits, mais le rendez-vous ne peut parfois pas être obtenu avant plusieurs semaines (en fonction de la demande et de la disponibilité du microkinésithérapeute).

Le microkinésithérapeute, souvent en blouse blanche, vous fera assoir sur la table d’examen, et écoutera les raisons de votre venue.

Il cherchera ensuite, par micropalpation, un blocage en lien avec le mal que vous lui avez décrit. Il faut souvent s’allonger sur le ventre, ou sur le dos, ou parfois rester assis. Les palpations des deux mains du praticien sont rapides et très légères.

Vous restez habillé tout le long de la séance, ce qui n’a rien d’étonnant lorsqu’on connait la théorie de la méthode, en particulier le fait que le microkinésithérapeute n’utilise pas vraiment le touché, mais le ressenti de l’espace entre ses 2 mains.

Pendant l’examen, le microkinésithérapeute pose des questions, ou bien vous informe de choses qu’il perçoit.

Par exemple :

  • Vous avez du subir un gros choc émotionnel en 2012. Hivers 2012 il me semble. Il s’est passé quelque chose ?
  • Vous vous êtes fait mal à cette jambe étant enfant, vers les 6 – 7 ans, non ?

Puis, au bout de 30 ou 40 minutes, la séance se termine, et si tout s’est bien passé, le microkinésithérapeute vous dira qu’il a trouvé des lésions et les a corrigé (un raccourci pour dire qu’il a réinformé le corps de la lésion, puis vérifié ensuite que l’autocorrection s’était enclenchée, en constatant la disparition du blocage).

Le mal que vous ressentez ne disparait cependant pas instantanément, et le praticien vous donnera une durée approximative dont le corps a besoin pour compléter l’autoguérison. Cela peut varier en fonction du mal et de l’âge de la personne, mais, pour vous donner un ordre d’idée, il faut compter en général 2 semaines environ (même si certains microkinésithérapeutes parlent de 3 ou même 6 semaines).

Durant cette période (mais surtout les premiers jours) :

  • Vous pouvez ressentir une (plus ou moins) grande fatigue
  • Il est recommandé de bien s’hydrater (pour « faciliter l’élimination »)

Qu’il y ait un effet ou pas, il faut dans tout les cas laisser passer environ un mois avant de retourner voir le microkinésithérapeute (si le patient le désire). C’est pour être sûr que le corps ait fini de réagir à la séance précédente.

Il est également possible que le microkinésithérapeute vous avoue qu’il n’a pas pu trouver de lésion, ou n’a pas pu remonter à la source. Dans ce cas il peut soit vous demander de revenir pour essayer encore une fois, soit vous recommander un autre type de thérapie.

Prescription

Aucune prescription médicale n’est nécessaire. Votre médecin ne sait sans doute même pas ce qu’est la microkinésithérapie.

Tarifs

Contrairement aux masseurs-kinésithérapeutes et à d’autres professionnels de la santé, les microkinésithérapeutes ne sont pas conventionnés et leurs tarifs ne sont pas régulés. Ils sont donc libres de fixer eux-mêmes le prix qu’ils souhaitent, de faire des rabais ou des dépassements d’honoraires.

On trouve en général un tarif unique, à la séance, situé entre 50 et 80 euros.

Pour rappel, une séance individuelle typique chez un kinésithérapeute conventionné coûte entre 10 et 26 euros (source). De quoi faire réfléchir quant à la motivation qu’un kiné peut avoir de passer micro…

Bien sûr, sans convention, un tarif peut changer du jour au lendemain chez n’importe quel microkinésithérapeute.

Remboursement

La caisse nationale d’assurance maladie (CNAM) de la sécurité sociale ne rembourse pas les séances de microkinésithérapie.

Certaines caisses complémentaires ou mutuelles santé remboursent tout ou partie de ces actes, dans le cadre de forfaits « médecines complémentaires / douces / alternatives », ou « thérapies manuelles ». Le microkinésithérapeute peut établir une facture à transmettre à la mutuelle.

Durée

En général, une séance dure 30 minutes. Souvent plus pour la toute première fois. Certains praticiens prennent 45, voire 60 minutes la séance.

Nombre de séances

En cas de problème

Il est largement mis en avant, surtout quand il est fait mention du non-remboursement par la CNAM, que « en général une séance suffit ».

Puis il est expliqué que, dans certains cas une 2ème, voire 3ème séance est nécessaire.

Daniel Grosjean, le fondateur de la méthode, est cependant assez clair sur le sujet : soit le thérapeute trouve, soit il ne trouve pas. Une séance devrait suffire à effectuer tous les protocoles de recherche de l’étiologie. Si il trouve, alors il peut agir et constater la disparition du blocage, du retour de la vitalité, et il n’a plus rien a faire, le corps va se soigner et il n’est pas nécessaire de revenir. Si il ne trouve rien, alors il doit avoir l’honnêteté de dire que cela ne sert à rien de revenir.

Il mentionne tout de même rapidement qu’une 2ème séance peut parfois être envisagée, si le thérapeute pense qu’il lui reste encore des choses qu’il pourrait vérifier.

Si tout va bien

La microkinésithérapie peut être utilisée à titre préventif. Il vous sera également recommandé des séances de contrôle. Suivant le thérapeute, la fréquence recommandé peut être de 1, 2 ou 3 fois par an. Certaines personnes qui apprécient particulièrement cette pratique, n’hésitent pas à prendre des rendez-vous tous les 2 ou 3 mois. Cela créé potentiellement un lien de dépendance, et l’on sort complètement du cadre dans lequel la microkinésithérapie est censée fonctionner. Nous sommes très loin du  » cela ne sert à rien de revenir  » de D. Grosjean.

Au vu du prix d’une séance, et du niveau de preuve (nul) que le thérapeute peut apporter de ce qu’il trouve et prévient, le bien fondé de ces séances de contrôle est pour le moins douteux.

Age du patient

Il semble que la majorité des praticiens acceptent tous les âges, même les nouveaux nés. Certains ont un tarif réduit pour les jeunes enfants. A l’opposé, certains autres n’acceptent pas en dessous de 10 ou 12 ans.

Contre-indications

Aucune contre-indication n’est jamais mentionnée.

Dans son interview YouTube, Grosjean (le fondateur de la méthode), au lieu de répondre sèchement « aucune », développe une idée selon laquelle il ne faut pas que le patient « n’ai pas envie de venir ». Il ne faut pas forcer quelqu’un qui ne voudrait pas faire un séance de microkinésithérapie. Si le patient « ne le sens pas », il ne faut pas qu’il vienne. Son corps sait… la Vie sait… Une manière élégante de ne pas dire « si l’on y croit pas, ça marche beaucoup moins bien », et un indicateur de l’importance de l’effet placebo pour une séance de microkinésithérapie.

Complémentarité

La microkinésithérapie déclare très clairement qu’elle ne s’oppose à aucune autre thérapie, qu’elle soit médicale, ou non.

Si vous avez un traitement médical, vous devez le poursuivre. La microkinésithérapie peut simplement venir s’ajouter, en soin complémentaire, pour peut-être faciliter certaines choses.

Si vous consultez un ostéopathe, un naturopathe, un hypnothérapeute quantique, ou autre thérapeute « alternatif », vous pouvez également venir en séance de microkinésithérapie, en soin complémentaire.

Il faut bien avouer que de déclarer le contraire n’aurait pas été très intelligent.

La lecture à froid

Une des choses qui m’a le plus marqué, personnellement, lors de mes premières visites chez un microkiné, fût ce que je qualifierais de lecture à froid (cold reading, en anglais). Il s’agit d’une technique très répandue, par exemple chez les voyants ou les mentalistes (qu’on peut voir facilement sur YouTube), qui consiste à récupérer des informations sur un individu par l’observation de ses réactions, des questions vagues, des doubles négations, des affirmations fondées sur l’effet Barnum, du « tir au petit plomb »… Il n’y a rien de compliqué, et c’est une méthode que tout le monde peut arriver à utiliser.

On trouve sur YouTube plusieurs chaines de mentaliste, exposant également la technique, dans tous ces aspects, à travers notamment des démonstrations spectaculaires ou des démasquages de personnes prétendant communiquer avec les esprits. J’encourage les lecteurs qui ne l’ont jamais fait, de visionner quelques exemples, afin de se rendre compte d’à quel point cette technique, malgré sa simplicité, peut être impressionnante. En France, nous avons entre autres :

Si vous comprenez l’anglais, il vous faut regarder Derren Brown.

Et pour ceux qui aiment South Park, il y a un épisode exposant la pratique : saison 6 épisode 15.

Mais revenons à la microkinésithérapie.

Nulle part sur les sites internet présentant la microkinésithérapie, il est questions de lecture à froid, ou, afin d’éviter de présenter la chose comme une escroquerie, de thérapeute devinant des choses intimes sur vous.

Proche de cela, on retrouve le fait que le thérapeute puisse lire la mémoire de vos tissus et trouver vos traumatisme. Mais bien sûr il n’y a aucun moyen de vraiment savoir si le praticien lit effectivement dans vos tissus, ou si il communique avec l’esprit défunt de votre arrière grand-mère, ou si il utilise la lecture à froid…

Par contre, il suffit de lire les sections commentaires, ou bien les témoignages des patients satisfaits, pour rapidement crouler sous les les exemples de gens bluffés, extasiés, fascinés, par ce que le microkinésithérapeute a pu deviner sur eux. Souvent les gens passent plus de temps à parler de cela, que de l’effet bénéfique qu’ils ont ressenti (souvent juste un vague « ca va beaucoup mieux »).

Je ne pense pas que tous les microkinésithérapeutes soient à mettre dans le même panier ici. Certains ne parlent peut être quasiment pas, et essaient juste d’appliquer leur protocole par micropalpations au mieux. Mais certains autres, moins timides, n’hésitent clairement pas à faire de la lecture à froids, ce qui est une escroquerie.

La blouse blanche

C’est la toute première chose qui m’a surprise, personnellement, quand j’ai rencontré une microkinésithérapeute pour la première fois : elle portait une grande blouse blanche. J’ai aussi remarqué les schémas du corps qui avaient l’air compliqués, affichés sur le mur. Mine de rien, cela m’a un peu impressionné.

Ensuite j’ai vu qu’elle ne faisait rien d’autre que parler et passer rapidement les mains sur le le corps, au dessus des habits. Je me suis demandé pourquoi donc la blouse blanche.

J’ai constaté que d’autres praticiens en portaient une également, mais je ne puis affirmer que cela soit le cas pour tous, bien sûr.

Quant à la raison, il y en a bien une, bien qu’inavouable, qui parait évidente : se donner un air crédible, sérieux, voire, impressionner les patients.

Et cela fonctionne. En tout cas, moi, je l’ai prise beaucoup plus au sérieux que si elle m’avait accueilli en tunique avec un gros collier d’os de poulet autour du coup.

Cela, en plus du prix relativement élevé de la séance, du biais de confirmation pour les personnes qui adhèrent aux médecines douces, de la réussite plus ou moins bonne de la lecture à froid, etc, va venir s’ajouter au potentiel de l’effet placebo.

A noter cependant qu’il existe aussi un effet que l’on pourrait qualifier de nocebo, du fait qu’il induise une réaction négative chez le patient, causé par cette même blouse blanche. En effet, dans le milieu médical, il est démontré que la blouse blanche du docteur peut causer une augmentation de la tension artérielle du patient. On appelle cet effet « effet blouse blanche » (White-Coat Hypertension, WCH, en anglais).

Les effets

Bon, mais alors, ça marche ?? Il serait temps qu’on en parle !

En tout cas, ce ne sont pas les témoignages positifs qui manquent !

Tout d’abords, il ne faut pas tomber dans le biais du survivant : seules les personnes enthousiasmées par un ressenti très positif vont prendre la peine de faire un témoignage. Les autres, qui n’ont ressenti aucun changement, vont simplement passer à autre chose. Il est donc normal de trouver une écrasante majorité de témoignages positifs, se regroupant parfois dans un même forum ou section commentaire, et se renforçant entre eux par biais de confirmation.

Ensuite, un témoignage, aussi impressionnant soit-il, ne permet pas de dire si une méthode « marche » ou pas.

On distingue 2 effets pour un thérapie, quelle qu’elle soit :

  • L’effet placebo, induit par l’environnement ou le mental et synthétisé par le patient le patient lui même, de manière inconsciente, non contrôlé, qui peut se manifester ou pas, et dont la puissance peut varier grandement.
  • L’efficacité propre, véritablement inculquée par la méthode du thérapeute, contrôlée et comprise, qui se manifeste dans tous les cas prévus.

De plus, il faut garder en tête un autre phénomène très important : l’évolution spontanément résolutive de nombres de pathologies.

En effet, une grande majorité des pathologies les plus communes guérissent naturellement avec le temps. Si vous avez mal à la tête, en général il suffit d’attendre pour cela passe, les égratignures disparaissent, les plaies se referment d’elles même, une entorse se rétablira avec le temps, vous vous débarrasserez d’un rhume en une semaine ou deux, un chagrin d’amour prendra surement plus de temps mais finira par passer etc…

Dans certains cas extrêmes, plus rares, quelque chose que l’on ne pensait pas pouvoir guérir, et que l’on traine depuis longtemps, disparait spontanément, à la grande surprise de tous, même des médecins.

Ainsi, on peut tout à fait se sentir beaucoup mieux, ou être guéri d’un mal, après une séance de microkinésithérapie. Mais le simple fait qu’une guérison ait lieu après une thérapie, ne signifie pas que la thérapie ait causé la guérison. On ne peut pas dire que A ait causé B, seulement car B s’est passé après A.

Aussi incroyable que cela puisse paraitre à certains, un mal de dos peut disparaitre en 2 semaines après un peu de repos, avec ou sans séance de microkinésithérapie. Cela est d’autant plus probable que l’on va souvent consulter lorsque le mal est à son pic, et qu’il, par phénomène de régression à la moyenne, va diminuer par la suite, avec ou sans traitement.

Pour juger si une thérapie « marche » vraiment, il faut donc éviter les biais d’attribution, et jauger ce que l’on appelle « l’efficacité propre » de la méthode.

Malheureusement, il est triste de constater que moult microkinésithérapeutes ignorent simplement cette démarche, et se satisfont d’un « je reçois tellement de retours positifs de mes patients, c’est bien que ça marche ! ».

L’effet placebo

L’effet placebo peut être induit par n’importe quelle thérapie, bidon, ou pas.

C’est un effet réel qui modifie réellement votre corps et votre santé.

On dit placebo lorsque l’effet et positif, et nocebo lorsqu’il est négatif.

Ce que je tiens surtout à souligner ici, c’est qu’il ne faut pas négliger cet effet. Il peut être très puissant, jusqu’à guérir des maux que l’on pensait intraitables.

Un des exemples que je préfère :

Un vétéran de la Seconde Guerre mondiale à la retraite, âgé de 76 ans et souffrant depuis cinq ans de douleurs invalidantes au genou dues à une arthrose dégénérative documentée aux rayons X.

On lui proposa une opération chirurgicale, dont on lui dit qu’elle pourrait guérir son genou. Il l’accepta.

Après une anesthésie générale, le chirurgien lui a seulement incisé superficiellement la peau au dessus du genou.

Une fois l’home revenu à lui, le patient fût informé qu’il avait reçu un placebo, une fausse intervention.

Cependant, le genou de cet homme se rétabli au point qu’il pu remarcher sans canne, ce qu’il ne pouvait plus faire depuis des années !

Il comprenait parfaitement que son opération était fictive, mais il insistait néanmoins pour dire que le docteur lui avait soigné son genou. Deux ans plus tard, son genou allait toujours aussi bien.

Résumé en français de cet article du New York Times

Ne sous estimez donc pas cet effet. Il pourrait tout à fait expliquer votre soulagement, ou même une guérison miracle, à la suite d’une séance de microkinésithérapie (ou autre).

Attention tout de même : j’insiste dans un sens, mais il ne fait pas tomber dans l’excès inverse. On ne peut jamais compter sur une effet placebo, car on ne contrôle jamais son apparition ni sa puissance. Cela n’a rien a voir avec des raisonnement aberrant de type « il suffit d’y croire et le cancer va disparaitre », que l’on peut malheureusement trouver dans certaines sphères… De plus il faut garder en mémoire l’évolution spontanément résolutive des pathologies les plus communes, afin de ne pas tout attribuer à l’effet placebo.

L’efficacité propre

Ni les thérapeutes, ni les patients, ne peuvent déterminer si la thérapie a une efficacité propre ou pas, sans faire d’étude clinique dans les règles de l’art.

Etant donnée l’étendue des domaines dans lesquels la microkinésithérapie prétend pouvoir agir (contre les agressions, traumatiques, toxiques, infectieuses, psychologiques, etc.), il faudrait des centaines, voire des milliers d’études testant la méthode sur différentes pathologies dans des contextes variés.

Sur le site de Microkiné France, sur la page « publications scientifiques« , on peut en voir listé quatre.

On s’aperçoit rapidement qu’une d’entres elles est juste une courte présentation de la microkinésithérapie, et une autre une petite expérience sur le niveau de stress de rats.

Il nous reste deux études qui ressemblent à quelque chose : une dans le cas de syndrome du côlon irritable (que j’analyse dans un article dédié), et une dans le cas de cervicalgies aigües post-traumatiques.

Il va sans dire que c’est complètement insuffisant.

En recherchant un peu plus, j’ai pu trouver une méta-analyse couvrant la totalité des études sur la microkinésithérapie réalisées depuis sa création jusqu’en 2011.

Durant les 28 premières années suivant la création de la microkinésithérapie, il fût réalisé 43 études (en incluant certaines non publiées).

Parmi celles-ci, 38 n’ont pas de groupe de contrôle, et sont donc inutilisables.

4 sont de qualité trop médiocre pour pouvoir être prises en compte.

Au final, une seule étude, de qualité passable, offre une présomption de preuve scientifique, dans le cas de colopathies fonctionnelles (syndrome du colon ou de l’intestin irritable). Cette étude fût réalisée en 1983 par les fondateurs, publiée en 2017 (elle fait partie des publications listées par Microkiné France) sans être relue par des pairs. Sa validité reste donc relativement faible.

Le rapport d’analyse conclu que la microkinésithérapie peut être classée comme une pseudo-thérapie, et n’est pas recommandable (source).

En clair, jusqu’à preuve du contraire, c’est du bidon.

Je suis autant choqué que vous, mais il faut bien se rendre à l’évidence : presque 40 ans après sa création, les preuves de l’efficacité propre de la microkinésithérapie restent quasiment non existantes.

Statut juridique

Au début, et pendant de nombreuses années, la microkinésithérapie est restée plus ou moins sous les radars.

Puis, en Novembre 2010 , dans leur bulletin numéro 16, l’Ordre de Masseurs Kinésithérapeutes acceptent que la microkinésithérapie fasse partie du domaine de la masso-kinésithérapie. Ce qui à une conséquence importante :

il s’ensuit que ces professionnels doivent être inscrits à l’Ordre ; dans le cas contraire ils se trouveraient en infraction avec le code de la santé publique et en situation d’exercice illégal de notre profession.

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C’est une petite victoire pour la reconnaissance de ma microkinésithérapie, et certains s’empressent de réclamer une décharge des rappels de TVA.

En Mars 2012, on ne constate aucune évolution de l’avis de l’Ordre sur le sujet dans le bulletin numéro 22, page 6.

Puis en 2013, il semblerait que l’Ordre se décide enfin à jeter un rapide coup d’œil à ce qu’est la microkinésithérapie, au lieu de juste se baser sur le nom, définitivement trompeur.

Ils émettent alors un avis (CNO n° 2013-02), qui rend compte que la méthode n’est pas éprouvée et « fait appel à des éléments physiopathologiques non démontrés tels que « la mémorisation tissulaire de l’agression » ou « les mécanismes d’autocorrection » ».

Puis ils concluent par « Nous demeurons donc réservés sur la pratique, par nos confrères, de la « microkinésithérapie » ».

Ce qui est un peu… mou du genou, tout de même. En pratique, cela ne change rien à la situation.

Daniel Grosjean, le fondateur de la microkinésithérapie, publie sur internet sa réflexion quant à cet avis.

Ca sent un peu le roussi tout de même, mais avec la lenteur démentielle de l’Ordre à se pencher sur la question, il y aurait peut-être moyen de publier quelques études sur la microkinésithérapie afin de tenter de défendre sa crédibilité.

Malheureusement, comme nous l’avons vu, le mieux que la microkinésithérapie ait pu produire durant les années qui suivirent, fut 2 études plutôt insignifiantes.

Entre temps, le CNOMK se lie en 2015 par une convention de partenariat à la MIVILUDES (mission interministérielle de vigilance et de lutte contre les dérives sectaires), qui va pousser à prendre des positions plus claires vis à vis de certaines pratiques thérapeutiques présentant un risque de dérive.

En 2018, l’Ordre publie un avis (CNO n°2018-05) pour le lot microkinésithérapie, ostéopathie viscérale, ostéopathie crânienne, biokinergie, kinésiologie et « fasciathérapie méthode Danis Bois »… toutes déclarées dérive thérapeutique contrevenant aux règles déontologiques.

Arrive 2020, et l’Ordre prend la microkinésithérapie à part pour mettre les chose bien au clair, dans son avis CNO n°2020-01 :

La « micro-kinésithérapie » est une méthode non fondée sur les données acquises de la science. Elle est illusoire et non éprouvée. Sa pratique, par un masseur-kinésithérapeute, sous quelque forme que ce soit, constitue une dérive thérapeutique.

Ainsi et conformément aux articles R. 4321-123, R. 4321-124 et R. 4321-125 du code la santé publique le conseil national de l’Ordre des masseurs-kinésithérapeutes ne reconnaît ni la «micro-kinésithérapie », ni le titre de « micro-kinésithérapeute ».

Aïe

Coup de tonnerre dans la communauté micro, cette dernière proteste.

L’association « Microkiné France » a tenté de faire annuler l’avis auprès du Conseil d’Etat, mais ce dernier a tranché en faveur de l’Ordre en 2021.

Il est donc répréhensible pour un kiné de pratiquer, ou même de recommander, la micro.

Par contre, si vous n’êtes pas professionnel de santé, ou que vous renoncez à votre titre, vous pouvez faire de la microkinésithérapie, hypnotiser des gens ou parler avec l’esprit des défunts, et faire payer ce que vous voulez, cela n’est pas illégal. Vous devez cependant vous acquitter de la TVA, dont certains microkinésithérapeutes ne se sont pas privés de la faire passer directement dans leurs factures aux clients.

Conclusion

En pratique, la microkinésithérapie échoue complètement à présenter des preuves d’une efficacité propre.

Cela, associé au fait qu’elle présente une théorie et des principes qui ne tiennent pas debout, a conduit à son rejet par le CNOMK (Conseil National de l’Ordre des Masseurs-Kinésithérapeutes).

La microkinésithérapie est donc une dérive thérapeutique, c’est à dire officiellement assimilée à du charlatanisme au regard du code de la santé publique pour les médecins (article R4127-39) et kinésithérapeutes (article R4321-87).

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