Site icon La microkinésithérapie

Pourquoi la microkinésithérapie s’appelle t’elle ainsi ?

Fleur mauve

Signification du mot

Tout d’abord, voyons un peu comment la pratique est désignée :

Dans ce blog, j’utilise l’orthographe donnée par le fondateur D. Grosjean dans ses publications les plus récentes : « microkinésithérapie ».

Etymologiquement, nous avons du grec ancien avec :

Il s’agirait donc d’un soin basé sur de petits mouvements. Or, comme nous l’avons vu en théorie de la microkinésithérapie : rien n’est basé sur le mouvement. Le patient ne bouge pas, mais reste assis ou allongé.

Ni le soin, ni la guérison, n’implique un mouvement physique quelconque. De ce point de vue là, nous sommes bel et bien à l’opposé de la kinésithérapie. On peut donc se demander pourquoi la microkinésithérapie se nomme ainsi.

Quel mouvement ?

A la base, le microkinésithérapeute prétendait sentir un micromouvement, avec sa micropalpation. Il sentait un mouvement physique qui correspondait au battement des tissus.

Les fondateurs écrivaient même, avec beaucoup d’aplomb, en 1984 :

Le micromouvement fait partie des données scientifiques indiscutables

source (1ère page, colonne de droite)

Du coup, en se basant sur des « micromouvements », appeler la pratique « microkinésithérapie » fait un minimum sens.

Le problème, c’est que ce micromouvement était loin d’être indiscutable. En fait, ce n’était même pas une donnée scientifique. Aucune preuve de son existence, ni même de l’existence du MRP (mouvement respiratoire primaire de l’ostéopathie) dont il est supposément issue, n’avait alors jamais était produite.

Mouvement es tu là ?

Prétendre palper un mouvement, c’est cool, le mesurer avec un outil, c’est mieux, et puis cela permet de partir sur des bases saines, et d’éviter que les mauvaises langues ne nous traitent de charlatan dès le début.

Malheureusement, personne en microkinésithérapie ne prit jamais cette peine, et aucune étude traitant du rythme propre des tissus ne semble exister (source: ce rapport pages 38 et 39).

Pire : des tests de mises à l’épreuve de microkinésithérapeutes eurent lieu, et furent des échecs.

Le plus notable : une table comportant une partie mobile fut construite pour une expérience menée par le professeur Yvan Simon, directeur de recherche à l’École Normale Supérieure. Recouverte d’un tissu molletonné, elle peut soit être immobile, soit bouger par battements de 1mm toute les 10 secondes. Deux praticiens en microkinésithérapie, appelons les A et B, posent les mains sur la table :

Dans un de leurs livres, Pacifier corps et mémoire, publié en 1993, les créateurs de la microkinésithérapie parlent de cette expérience et disent :

Il faut donc en conclure que l’observation recueillie ne concerne pas un mouvement, mais une onde vitale qui a certainement un autre support qu’un support mécanique.

Une belle pirouette, ni vu ni connu j’t’embrouille, également connu sous le nom d’hypothèse ad hoc.

Source : ce rapport, pages 34 à 40.

De la conservation du nom

Bien sûr, personne n’allait changer le nom de la pratique pour si peu.

De plus, « microénergiethérapie », cela aurait fait moins sérieux tout de même, et il aurait été dommage de se séparer de « kiné », un mot qui inspire confiance.

En 2017, dans un article publié dans le magazine HEGEL (précédant un article sur l’huile essentielle de santal qui stopperait la reproduction de cellules cancéreuses et régulerait le stress en plus d’être anti-inflammatoire et anti-allergique), Daniel Grosjean explique :

Le terme de «microkinésithérapie» a été choisi parce qu’il indique bien le cadre légal dans lequel elle est pratiquée : c’est une technique de soins effectuée par des kinésithérapeutes.

Mais le préfixe «micro» signifie «petit» : ce n’est pas un massage classique de grande amplitude mais bien la recherche et la perception d’un dérèglement à l’intérieur des tissus.

Hegel Vol. 7 N° 2 – 2017, page 131

Malheureusement pour lui, en réalité, l’ordre des kinésithérapeutes rejette officiellement la microkinésithérapie, et un kiné ne peut pas pratiquer, ni même conseiller, la microkiné, sans violer le code de déontologie. Même si les formateurs en microkiné déclarent n’accepter que les kiné, médecins ou vétérinaires, il n’y a pas de cadre légal pour la pratique de la microkinésithérapie.

Conclusion

Ainsi, le nom semble avoir pu se justifier à sa création, lorsque la pratique disait se baser sur de véritables micromouvements.

Après que l’expérience ait montrée qu’il y avait peu de chance que de tels mouvements existent, les fondateurs ont supprimé cette notion de micromouvements, pour la remplacer par de l’énergie vitale (une notion pseudo-scientifique bien commode dont on ne peut démontrer ni la présence ni l’absence), tout en conservant le nom de la pratique.

On peut aussi noter que, alors que certaines thérapies misent sur l’exotisme (ex: reiki), sur le new-age (ex : hypnose universelle quantique), ou sur le naturel (ex : naturopathie), dans leur nom, pour attirer les foules, la microkinésithérapie, elle, préfère s’appuyer sur le nom d’une pratique de confiance et sérieuse car éprouvée par la science : la kinésithérapie. Cela lui permet peut être de s’ouvrir à un public plus sceptique, mais on ne s’y trompera pas : la microkinésithérapie est une pratique qui n’a rien à voir, ni de près, ni de loin, ni dans le moindre de ses principes, ni dans sa pratique, avec la kinésithérapie. Elle est même explicitement rejetée par cette dernière.

Quitter la version mobile